Les articles de presse de la Compagnie Soleil Glacé
"Presque chorégraphique, sa partition est aussi bien corporelle que textuelle, rappelant les codes du théâtre asiatique, et notamment, du butô japonais. Au bord de la folie, le personnage habite l’espace, s’y développe, y grandit, du marmonnement aux cris. Sa proximité avec les spectateurs nous saisit, fait de nous les habitants de cette ville si étrange et si peu accueillante dans laquelle il a atterri. La détresse du personnage nous atteint directement, et son travail de deuil, nous l’opérons, nous aussi."
Le Souffleur
"La langue est simplifiée, véhiculaire, car elle veut imiter la banalité. Cette langue faussement pauvre enferme toute la richesse du texte; ainsi chaque parole, chaque mouvement, chaque motif de mise en scène acquiert une multitude de sens du littéral au plus imaginaire, de la métaphore symbolique à la simple trace allusive. La pièce nous prend par surprise en une expérience de pétrissage de nos pensées et de nos âmes. (...)Hallucinante, ce spectacle justifie à lui tout le festival[Théâtre en Mai], la pièce de Paul Francesconi, Fargass Assandé et Odile Sankara. Ils créent Mon ami n’aime pas la pluie un spectacle hypnotique bouleversant multi couches dont chaque strate nous explose à l’oreille et à l’âme."
"C’est une fable épurée, naïve qu’en apparence, aux tableaux énigmatiques, dont la réussite est de s’en tenir à un minimalisme humide, offrant au spectateur un vaste champ d’images et de sensations qu’on interprétera au gré de ses propres fluides : la pluie est ici un motif que nos humeurs habitent."
"Avec Mon ami n’aime pas la pluie, c’est un texte splendide d’émotions et de tendresse que le public découvre. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’auteur réunionnais Paul Francesconi, c’est une rencontre bouleversante avec un texte qui porte haut un Verbe tout en puissance et en nuances. La mise en scène suit les mêmes lignes directrices, jouant de poésie et de tension dramatique, d’humour et de gravité. Toute l’eau qui envahit le plateau est aussi surprenante que bienvenue."
"Paul Francesconi possède le talent et la poésie de tricoter les vieilles croyances avec les rêveries actuelles. Chaque tableau est somptueux tandis que la troupe impressionne. (…) La pièce, c’est le premier génie de l’auteur, tresse plusieurs thèmes en une gerbe élégante. Le syncrétisme insulaire naviguera devant nous en une fabuleuse exploration. Se bâtit sous nos yeux hypnotisés une suite de tableaux drôles ou oniriques; comme dans un rêve initiatique nous affronterons les questions du religieux, du vivre ensemble, de l’autorité du clergé, de la colonisation et de l’émancipation, de la vie et de la mort aussi. En creux la quête de l’origine et de l’amour en ceci qu’ils se rêvent tous les deux éternels car le temple sera partout là ou tu te rendras."
"Émotions devant le jeu de Martin Jaspar, j’avais froid avec lui, je frissonnais. Émotions devant le regard de Chloé Lavaud-Almar, elle ne prononcera qu’une seule phrase de tout le spectacle, tout son jeu est de danse, son regard vous fixe, il est puissance, il est menace qui réchauffe, il est peur. Émotions quand les instruments d’Elsa Dupuy sonnent, quand sa voix s’élève. Théâtre, musique, danse, si vous êtes amateur d’une de ces disciplines, vous apprécierez cette création de la compagnie Soleil Glacé, Paul Francesconi, qui signe le texte et la mise en scène, nous fait le cadeau d’un moment de poésie, d’un moment de beauté, une cascade d’émotions successives qui emplissent le spectateur. Des émotions, des ouvertures, à l’autre, cet autre qu’on ne voit plus et qui a traversé le monde pour venir geler à nos pieds. Des émotions, des ouvertures, une conviction viscérale, l’amour est une force vitale qui peut durer jusqu’à la fin des temps."
"[KAL] est un très beau spectacle où le rythme et les éléments visuels très sobres alliés à l’interprétation des trois acteurs (la Réunionnaise Chloé Lavaud, Martin Jaspar et Elsa Dupuy) qui jouent de leurs corps qui dansent et d’instruments de musique, sont pour beaucoup dans la fascination du spectateur qui a du mal à quitter la pièce..."
"Se nourrissant des énergies telluriques, végétales et minérales du lieu, Paul Francesconi a imaginé un conte inspiré de la nature environnante. Dans un monde quelque peu féérique, Jan (Anthony Jeanne, tout en énergie), un jeune garçon d’une dizaine d’années, malade du cœur, vit reclus avec sa mère (détonante Nadine Béchade) dans une immense propriété. Jadis luxuriant, le lieu a dépéri. Les habitants se sont refermés sur eux-mêmes, autant pour protéger l’enfant du monde extérieur, forcément hostile et cruel, que pour combler la solitude alcoolique de Mara, la mère. Mais voilà Jan rêve d’aventures de quitter sa prison dorée, de traverser la rivière, de s’enfoncer dans la sombre forêt qui la borde et pourquoi pas découvrir l’océan. Aidé dans sa quête émancipatrice par une fougère (lumineuse Khadija Kouyaté) devenue jeune fille et un jardinier singulier (épatant Théophile Sclavis), Jan va plonger dans l’eau trop longtemps redoutée, se libérer des secrets de famille et enfin vivre sans contrainte."
L’œil d'Olivier
"[Le texte de Mon Eli] ouvre tous les possibles. Or, de ces possibles vertigineux, Paul Francesconi fait une matière spectaculaire. C’est en fait comme si la beauté permettait d’évoquer les sujets les plus douloureux : la souffrance de ceux qui sont restés, l’impossibilité à trouver une place de ceux qui sont partis vers des Eldorado glacés. Comme le poème offre un refuge à l’indicible, la beauté apporte alors un apaisement. (…) Le maître mot de la direction d’acteurs est alors logiquement la stylisation : les voix se mêlent à des chants ; celle fluette d’Éli déconcerte, puis crée une mélodie. Les trois figures magiques et tutélaires de l’île sont incarnées par trois comédiens à la gestuelle chorégraphiée. Charif El-Badawi, Elsa Dupuy et Yaya M’Bilé Bitang sont tous les trois très bons. Quant à « celui qui pue », son étrangeté à sa propre terre s’exprime dans un jeu décalé, car naturel, et dans une partition extraordinaire de danseur."
"Globalement, le récit nous laisse parfois en suspens des interactions entre les personnages. La force des dialogues est portée par une maîtrise parfaite de la mise en scène. Pour cette nouvelle pièce, le travail de Paul Francesconi impressionne en deux points : le monde surréalisme qu’il a créé et le choix de son univers sonore, qui contribue à la beauté de l’ensemble et qui pourraient presque être des musiques de film. Les jeux d’ombres du décor et la présence des Silencieux, les esprits de l’île accompagnant Éli et son compagnon, ajoutent un caractère irréel. Une des Silencieux semble être un mélange entre Emily, la mariée cadavérique des Noces Funèbres de Tim Burton, et Edward aux mains d’argent. Le début de la pièce est pensée comme un cauchemar, le reste comme un monde féérique."
"Le décor de la pièce, très féérique, laisse apparaître trois autres personnages, muets, qui bougent dans un paysage de végétation. Le texte et la mise en scène, à mi-chemin entre le réel et le mythe, font davantage penser à un conte qu’à un récit ancré dans une réalité contemporaine. Et pourtant, cette île imaginaire ainsi que le thème du retour au pays font allusion, sans aucun doute, au départ des jeunes ultramarins dans l’hexagone. C’est d’ailleurs