Je t’aimerai jusqu’à la fin des temps
Arrivé seul sur une plage battue par un cyclone, Ram, un homme exilé, s'effondre sur le sable. Il a tout perdu, femme, enfant, peuple. Il rencontre alors Kal, une femme mystérieuse, qui va l'aider à se relever et le conduire au sommet d'un volcan enneigé. Au sommet, Ram se heurte au mutisme de Kal. Transi de froid, il s'évanouit dans la neige. Au réveil, Kal a disparu, après avoir sauté dans le cratère. Une histoire qui se termine aussitôt qu'elle commence, fugace et éternelle, comme l'amour.
Au milieu d'une neige de confettis blanc, une femme s'avance. Chanteuse ? Chamane ? Esprit de la neige ? Elle se met à chanter et la poudre blanche s'agite. Elle s'installe au milieu de ses instruments. Arrivent Kal, armée de son parapluie, bravant la tempête de neige. Puis Ram, congelé, plié sur lui-même, les deux mains dans le pantalon pour se protéger du froid, sur la pointe des pieds . Il ressemble à un animal mythologique. Ils viennent de terminer leur ascension. Derrière eux, une gigantesque toile de PVC peinte avec du vernis, plaque de glace sublime qui prend les couleurs du ciel. Au milieu du plateau, une gerbe de fils noirs, qui paraît être la fumée d'un volcan. Dans ce décors qui s’affranchit du réalisme, Kal et Ram s'affrontent par deux monologues successifs. Lorsque Ram termine sa parole et s'écroule dans la neige, Kal se met à parler. Mais les lèvres de la comédienne ne s'ouvrent pas. Le spectacle poursuivra son souffle, au rythme de la neige qui ne tombe pas, et racontera au final une histoire d'amour qui n'arrivera pas.
Texte publié chez Lansman éditeur (Janvier 2017) - Accompagnement « A mots découverts »
Le spectacle a fait l'objet d'une présentation lors d'un VIZAVIS de l'ONDA en Janvier 2020 et d'une présentation OARA en Septembre 2020.
" Émotions devant le jeu de Martin Jaspar, j’avais froid avec lui, je frissonnais. Émotions devant le regard de Chloé Lavaud-Almar, elle ne prononcera qu’une seule phrase de tout le spectacle, tout son jeu est de danse, son regard vous fixe, il est puissance, il est menace qui réchauffe, il est peur. Émotions quand les instruments d’Elsa Dupuy sonnent, quand sa voix s’élève.
Théâtre, musique, danse, si vous êtes amateur d’une de ces disciplines, vous apprécierez cette création de la compagnie Soleil Glacé, Paul Francesconi, qui signe le texte et la mise en scène, nous fait le cadeau d’un moment de poésie, d’un moment de beauté, une cascade d’émotions successives qui emplissent le spectateur. Des émotions, des ouvertures, à l’autre, cet autre qu’on ne voit plus et qui a traversé le monde pour venir geler à nos pieds. Des émotions, des ouvertures, une conviction viscérale, l’amour est une force vitale qui peut durer jusqu’à la fin des temps."
"[KAL] est un très beau spectacle où le rythme et les éléments visuels très sobres alliés à l’interprétation des trois acteurs (la Réunionnaise Chloé Lavaud, Martin Jaspar et Elsa Dupuy) qui jouent de leurs corps qui dansent et d’instruments de musique, sont pour beaucoup dans la fascination du spectateur qui a du mal à quitter la pièce..."